On ne fait pas recette en montrant l'homme nu
Tant le corps de la femme aujourd'hui se vend bien
Pour peu qu'on nous dévoile la naissance de ses reins.
Mais le nu masculin fut un temps reconnu.
Les grands héros classiques que l'on voit statufiés,
Ont été adulés dans toute leur nudité.
Souffrances et victoires transcendaient la beauté
Du dénuement des corps qu'on voulait glorifier.
Les Grecs n'autorisaient l'athlète sur le stade
Qu'une fois débarrassé de tous ses artifices,
Sans l'harmonie du corps forgé par l'exercice
Il ne pouvait songer à monter sur l'estrade.
Les artistes célèbrent l'éloquence de la peau
Dans le corps masculin. C'est leur moi idéal,
Le miroir narcissique d'un ego sculptural,
Obsession d'un soi-même qui étaye leur propos.
Mais qu'est le corps de l'homme sans le regard aimé,
Sans les mains qui caressent et la bouche qui embrasse,
Sans les mots de tendresse qui galvanisent l'audace
Et transfigurent le nu en désir fantasmé?