« L'enfance est le sommeil de la raison » Jean-Jacques Rousseau
Vieillir c'est, en partie, regretter son enfance.
Les chemins buissonniers, témoins de l'innocence
Des années d'insouciance, sont restés dans l'écrin
De nos boîtes aux trésors, nos intimes jardins.
Combien de coups de pieds dans les tas de feuilles mortes,
De galopades après avoir frappé aux portes!
On balançait du sel sur la queue des oiseaux
Qu'on voulait attraper. Nous étions des héros!
Nous ne possédions rien mais nous espérions tout,
Nous n'avions peur de rien à part du loup-garou,
Les fronts plein de candeur, nous avions du talent
Pour affronter la vie, ce grand chaos brûlant.
L'enfance a les odeurs des mûres, des baies sauvages,
Elle sait, version sépia, conserver les images
Des jambes et mains griffées, des doigts bleuis de froid,
Des ricochets sur l'eau, des exploits maladroits.
Et l'on tirait la langue pour bien tracer les traits.
Des éclats de rire francs, à lire des illustrés,
Jaillissaient de nos bouches rosées de grenadine
Ou rouges des confitures qui coulaient des tartines.
L'enfance nous enrichit de ce supplément d'âme
Qui ravive les souvenirs de son éternelle flamme,
Et quand on se retourne, on ne sait quoi cueillir.
Un sale coup de la vie que nous laisser vieillir!