Poème : L'enfance bombardée

J'ai à peine vécu, suis-je encore un enfant ?

Je grandis dans l'angoisse et je vis sous les bombes,

L'écran de mes nuits blanches est maculé de sang,

Les murs de ma maison sont devenus des tombes.

Des éclairs en fusion ont crevé les plafonds,

Puis des gerbes de flammes ont surgi de la terre,

L'enfer en habits noirs jaillit du trou profond,

Des gens pleurent et crient sur les bords du cratère.

Dans ce monde en conflit qui offre la douleur,

Je ne vois que des ombres, elles n'ont rien d'humain.

Les cendres de la guerre ont absorbé mes pleurs

Et fait mourir les fleurs qui bordaient mon chemin.

Je ne sais jusqu'à quand des feux et explosions

Déchireront l'espace et sèmeront la peur.

Il me reste à prier, sans avoir d'illusions,

Pour qu'arrêtent les grands de me crever le cœur.

J'aimerais bien jouer, faire des ronds dans l'eau,

Mais l'égoïsme fou ne veut pas de l'enfance,

Je reçois tous les jours l'injustice en cadeau,

Et la haine entre adultes emporte l'innocence.

Je n'en peux plus d'avoir le visage du drame,

Sacrifié sur l'autel de l'homme aux idées folles,

Je ne mérite pas ces martyres infâmes.

Je voudrais que maman me conduise à l'école.