Je t'aime ( « Là où on s'aime il ne fait jamais nuit » )
Je t'aime pour la seconde où je t'ai enlacée,
Pour les longues années de regards enflammés,
Pour la première fois où tu m'as embrassé.
Je t'aime pour toutes les femmes que j'ai pas su aimer
Et pour tout le désordre qui habite mes pensées.
Je t'aime pour les pollens qui nous ont transportés,
Pour les sentiers boisés qui nous ont accueillis,
Pour les couleurs du ciel que tu m'as apportées.
Je t'aime pour les bouquets que nous avons cueillis,
Témoins des mots d'amour que je t'ai chuchotés.
Je t'aime comme le narcisse penché sur les eaux claires,
Comme le vent tourmenté qui parcourt les branchages,
Comme les oiseaux rebelles qui caressent des chimères.
Je t'aime comme le soleil qui transperce les nuages
Et éclaire ton visage qui s'élève en prière.
Je t'aime pour le pain chaud du petit déjeuner,
Pour ton goût de café, péché de gourmandise,
Que ma bouche recueille sur ta peau satinée.
Je t'aime pour tes murmures, enivrantes surprises,
Et tes pas familiers, au lointain devinés.
Je t'aime comme l'animal qu'on a apprivoisé,
Comme le feu généreux que le soir on ravive,
Comme la gelée d'aurore qui blanchit la rosée.
Je t'aime comme la rivière qui effleure ses rives
De son onde sauvage sans jamais s'épuiser.
Je t'aime pour les caresses qui dans le noir me guident,
Pour tes lèvres offertes données comme une étrenne,
Pour mes doigts sur ton corps dans ta chaleur humide.
Je t'aime pour ta tendresse qui a rejoint la mienne
Dans les moments de paix ou d'étreintes torrides.
Je t'aime parce que tes yeux sont emplis de silences
Qui résonnent en cœur d'infinies tentations
Et disent l'étendue de nos impertinences,
Connivences tacites, ultimes transgressions.
Je t'aime et chaque jour est une renaissance.