La vie est terrifiante quand le ciel reste noir,
Alors que je ne sais si je suis encore homme,
Que le sang de mes veines ne caresse plus l'espoir
De trouver la lumière dans un autre royaume.
Je suis parti les poches vides vers l'inconnu,
À vivre sans futur mieux vaut risquer la mort,
J'ai bien conscience de n'être pas le bienvenu,
Je suis cependant tout sauf un conquistador.
J'ai vécu le naufrage et perdu des amis,
Le déracinement et ma ténébreuse errance
Font de moi un martyr, non pas un ennemi,
Je n'aspire à rien d'autre qu'une vie sans violence.
Mon corps endolori qui tend vers vous les mains
Connaît les nuits obscures sans manger et sans boire,
Je vis dans l'angoisse et la menace du demain,
Mes yeux crient la terreur de l'immensité noire.
En guise de drapeau je n'ai que mon manteau,
Je ne connais qu'un hymne, c'est celui que ma voix,
Étouffée dans ma gorge serrée comme un étau,
Exprime avec douleur pour dire mon désarroi.
Dans l'histoire du monde la loi de la nature
Donne aux persécutés la chance vers d'autres cieux.
Puissent les nuages, témoins de ma sombre aventure,
Faire valoir devant Dieu un droit aussi précieux!