Le soleil d'autrefois, las d'être mon hiver,
Émiette sur ma peau ses taches de vieillesse
Et vient ternir mon corps sous mon œil entrouvert,
Qui cherche dans les nues les ciels d'antan en liesse.
Dans les faisceaux du temps j'existe à contre-jour
Telle une fleur fanée, qui secoue ses pétales
Pour se débarrasser de ses membres trop lourds,
À l'approche tendue du dernier récital.
Les haillons de la vie déshabillent mes rêves
Et jettent ma mémoire avec le linge sale,
Les vieux souvenirs fuient la menace du glaive
Suspendu au-dessus d'un néant abyssal.
Quand mon ombre s'évade, affranchie par la nuit
Sous la jupe des arbres, un fouet de branches basses
Cingle ma peau flétrie par la peur et l'ennui
Et rappelle à mes ans le poids de ma carcasse.
Le destin suit son cours comme un chien suit son maître
Et efface les pas de mes sœurs de hasard
Dans un monde où l'amour a fermé ses fenêtres ;
Je me retrouve seul, fantôme d'homme épars.
Les baisers de la vie, papillons éphémères
Perdus dans l'illusion d'une inconsciente fuite,
Caressent les années de leurs ailes légères
Sans savoir que demain arrive bien trop vite.