« Plus dure sera la chute » Budd Schulberg
Quand il m'est apparu, seule et unique fois,
Sa beauté provoqua mon tout premier émoi,
J'ai même succombé au charme de son ombre
Qui suivait en dansant sa silhouette sombre.
Quand il a prononcé deux ou trois mots d'usage
Sa voix charmeuse a fait tressaillir mon corps sage,
L'ombre de ses paroles a envoûté mon âme
Si tendrement brûlée par la lascive flamme.
Quand son parfum subtil a effleuré mon cou
Et saoulé mon esprit de fragrances taboues,
À mon nez s'est blottie l'ombre de son odeur,
Et le désir dans l'air a fondu mes pudeurs.
Quand sa main s'est posée sur ma peau innocente
Le feu s'est emparé de mon envie naissante,
L'ombre de ses caresses a causé l'explosion
En ma veine éclatée par la lave en fusion.
Quand l'ombre de son ombre a épousé le jour
Pour ouvrir au soleil les portes de l'amour,
Ma candeur soupira, prête à s'abandonner,
À la douce folie des chairs irraisonnées.
Mais quand j'ai aperçu dans un rai de lumière
L'ombre de son ardeur, impertinente et fière,
Monstrueuse obélisque avide de conquête,
Mon désamour a pris la poudre d'escampette.