Mon corps et mon esprit refusaient le sommeil,
Des pensées en voltige me tenaient en éveil.
Je fis deux ou trois pas au milieu de la nuit
Sur le froid carrelage de mon petit réduit.
Construction de l'esprit ou pure réalité,
Une lumière surgit hors de l'obscurité,
Faisceau éblouissant, son feu me prit de court
Comme une bête de terrier aveuglée par le jour.
Le pinceau balaya la chambre un court instant
Et éclaira soudain comme par enchantement
Une silhouette de femme sur halo vaporeux
Émanant silencieuse du cercle lumineux.
Une pluie de papillons fondait sur son visage
En fine grêle tiède estompant son image,
Mon corps se suspendit, d'un calme émerveillé,
Sous la douceur d'averse de son sourire mouillé.
Puis la lumière faiblit pour prendre la quiétude
D'une flamme de bougie touchée d'incertitude,
Je sentis sur mon bras la pesée d'une main
Comme pour me signifier de penser à demain.
J'étais submergé par l'impression enfantine
D'un curieux désarroi pris de joie clandestine,
La nuit noire me happa de ses gants de velours
Et à l'aube naissante elle me rendit au jour.