Je voudrais vivre une dernière fois comme l'hirondelle,
Pour sa longue traversée, qui s'envole à tire-d'aile
Et s’élance avec cœur vers la voûte éternelle,
Migrante infatigable, vêtue de noire dentelle.
Je voudrais vivre à fond telle une étoile filante
Qui embrase l'univers dans sa robe séduisante,
Pied de nez gigantesque à la routine céleste,
Pour tracer dans le ciel l'insolent manifeste.
Je voudrais vivre comme l'eau de source jaillie au monde,
Après avoir laissé l'obscurité profonde,
Pour épouser la joie des aveuglantes clartés
Et enivrer la terre jusqu’à la satiété.
Je voudrais vivre au vent à l'instar de l'érable,
Dont l'ancien tronc dégage une force inébranlable
Et inspire un respect par les ans patiné,
Paré du solennel vieux cuir parcheminé.
Je voudrais vivre enfin l'ultime de mes envies,
À en perdre le souffle, à y laisser la vie:
T'aimer une dernière fois, et ensuite m'aliter,
Heureux, sur l’immense peau nue de l’éternité.